Le Petit Braquet
 
Chronique n° 10
 
 

Guy Lapébie

 

 

Coup de chapeau à ...

Guy LAPEBIE (1916 - 2010)

"CHAPEAU MONSIEUR"

Ce mois ci le plus vieux médaillé olympique du cyclisme français aura 90 ans alors en même temps qu’un coup de chapeau c’est aussi un bon anniversaire que nous voulons lui souhaiter au travers de cet article.

Berlin, été 1936. Hitler tente de montrer au monde entier la supériorité de la race allemande, sur le plan sportif comme sur le plan économique en organisant les jeux olympiques. Dans cette ambiance sourde où la légèreté des années 20 a fait place à une atmosphère tendue, plombée un jeune homme d'à peine 20 ans allait soudain se faire une place au soleil. Notre homme, né le 28 novembre 1916 à Saint-Géours-de-Marenne, ne fait jamais les choses à moitié et ce n'est pas une mais trois médailles dont deux en or et une en argent qui remplissent son escarcelle. Quand on est le petit frère de Roger Lapébie (champion de France en 33, 3ème du Tour de France en 34) il faut bien ça pour se faire un prénom. Guy Lapébie, puisque c'est a lui que je souhaite rendre hommage aujourd'hui est entré dans l’histoire du cyclisme français par la grande porte : champion olympique par équipe, champion olympique de poursuite par équipe et vice champion olympique sur route.

 

Non content de ses fabuleux résultats Guy, sur sa lancée, va également battre le record du monde des 4 km en 4'45",avant de conclure cette grande année par une quatrième place au championnat du monde.

 

 

 

Affiche officielle des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 ©CIO

 

 

Berlin 1 août 1936. Arrivée de la flamme olympique au Lustgarten lors des Jeux.


Crédit : CIO/Collections du Musée Olympique

 

Berlin août 1936.
Vue générale du stade olympique pendant les épreuve d'athlétisme lors des Jeux de la XIe Olympiade.

Dans une carrière sportive, comme dans la vie, rares sont les trajectoires régulières, et Guy, passé professionnel va de nouveau être dans l'ombre de son frère qui remporte brillamment Paris Nice et le Tour de France 1937. Pendant ce temps Guy développe son endurance et partage son temps entre la piste et la route. En 1939, une neuvième place au général de Paris-Nice montre que notre homme a progressé en foncier et qu'il va devenir un grand routier. Il n'a pas 23 ans quand la guerre éclate. Il y abandonnera, comme beaucoup d'autres, ses meilleurs années. Il glanera bien quelques bouquets dans les trop rares courses organisées à partir de 1942 mais quand le calendrier international reprend forme la trentaine approche. Après une grande saison 1946 ponctuée notamment par une étape du Tour de Suisse, l'année 47 fut moins brillante et Guy ne connut la réussite que sur la piste où il est alors considéré comme l'un des meilleurs français. 1948 sera enfin l'année de la confirmation. A 32 ans, lui le pistard allait montrer qu’un coursier, pistard en état de grâce pouvait réussir à briller sur la plus grande course du monde et même accrocher les seigneurs dans la montagne. La légende veut qu’il ait abandonner 200 000 francs de contrat sur piste pour venir tenter sa chance dans de bonnes conditions sur le Tour. Guy force l’admiration de tous en remportant une étape et en réussissant à monter sur la troisième marche du podium du Tour de France 1948 derrière Gino Bartali et Alberick Schott. Un tendon récalcitrant durant les dernières étapes l’a d’ailleurs probablement privé de la place de dauphin du grand Gino. Pour beaucoup un coureur cycliste mérite vraiment d’être considéré comme un champion lorsqu’il réussit à briller dans le Tour de France. A l’époque les pistards étaient un peu les starlettes du vélo, bien payés, courant de petites distances loin de la boue et de la poussière des routes de l’immédiat après guerre. Des magouilleurs juste bon à faire le spectacle, incapables de se mesurer à de vrais coureurs c’est à dire à des routiers sans tricher. Avec cet exploit Guy Lapébie rejoint enfin son frère dans le cœur du public français qui apprécie son courage et sa ténacité.

Dans les 4 années qu'il lui reste à courir Guy Lapébie va glaner 17 bouquets dont une étape du Tour et obtenir de belles places d’honneur dans des classiques comme Paris Tours et Paris Bruxelles.

Sa carrière terminée Guy s’occupa de la brasserie qu’il a acheté à Bordeaux tout en restant proche du milieu du vélo notamment en suivant la carrière de Christian, le fils de Roger dont la carrière amateur sera stoppée par un accident puis celle de son fil Serge au début des années 70. Il y a peu il honorait de sa présence la Lapébie une très belle cyclosportive organisée chaque année dans sa région.

Chapeau Monsieur Lapébie, chapeau pour votre carrière, chapeau pour votre passion du vélo et bon anniversaire…

Guy Lapébie - Ballon d'Alsace Tour de France 1952 /
source : http://www.ballon-alsace.fr/index.php

 

PalmarèsGuy Lapébie

  • Professionnel: 1937-1952
  • 1936 champion olympique contre la montre par équipe (CHARPENTIER Robert, LAPEBIE Guy, DORGEBRAY Robert), et champion olympique de poursuite par équipe (CHARPENTIER Robert, GOUJON Jean, LAPEBIE Guy, LE NIZERHY Roger), vice champion olympique sur route derrière Charpentier.
  • Record du monde des 4 km battu en 4'45", 4e du championnat du monde.
  • 1937 1er à Montpellier.
  • 1939 1er à Périgueux et 9 ème de Paris Nice.
  • 1942 1er d'une étape du circuit de France (zone occupée).
  • 1943 1er grand prix d'Europe avec Grauss.
  • 1944 1er de l'étape en ligne de l'ommnium de la route.
  • 1945  1er de Zurich Lausanne.
  • 1946 5 victoires dont une étape du tour de Suisse.
  • 1947 2 victoires sur piste.
  • 1948  8 victoires dont une étape du Tour de France dont il termina 3ème du Général.
  • 1949 3 victoires dont une étape du tour de France et les 6 jours de Paris.
  • 1950 7 victoires, 2ème de Paris Bruxelles et 3ème de Paris Tours.
  • 1951 5 victoires sur piste (6 jours Berlin, Hanovre et Munich).
  • 1952 2 victoires (6jours Berlin, Dortmund)

 

Les Lapébie, INCONTOURNABLE famille de l'histoire du cyclisme

Par Jean Paul Ollivier

Résumé (d'après l'éditeur) :
Lorsque le puissant et élégant Roger Lapébie fit irruption chez les professionnels, cet athlète venu du sud-ouest de la France imposa très rapidement sa grande classe.
Homme de caractère, inflexible envers lui-même et envers les autres, Roger Lapébie demeura toute sa vie un personnage attachant et l'un des plus beaux coureurs du monde.
La carrière de ce champion d'exception fut stoppée par une chute très sévère à l'arrivée de Bordeaux-Paris 1939.
Guy, son frère cadet de cinq ans, connut de son côté une brillante carrière quelque peu occultée par la guerre. Comme Roger, Guy passa par le célèbre V.C. Levallois, cher à Paul Ruinart. Il devint champion olympique de poursuite olympique, en 1936, à Berlin, et médaille d'argent de l'épreuve sur route. S'il se tourna vers l'univers des pistes - il fut l'un des meilleurs spécialistes mondiaux de " Six jours " -, il resta un excellent routier, vainqueur d'étapes au Tour de France et surtout troisième du Tour 1948, remporté par Gino Bartali.
Les Lapébie, incontournable famille de l'histoire du cyclisme...

 

 

Guy Lapébie Guy Lapébie, oncle de Christian Lapébie  et le père de Serge Lapébie

Roger LapébieRoger Lapébie (né le 16 janvier 1911 à Bayonne - mort le 12 octobre 1996 à Pessac), surnommé « Le Pétardier » et également « Le Placide » ce qui est contradictoire.

Berlin 10 août 1936. A l'arrivée des 100 km
NIEVERGELT E.(SUI) 3e, LAPEBIE G.(FRA) 2e et CHARPENTIER R.(FRA) 1e

Crédit : CIO Collections Musée Olympique

Guy en compagnie de son fils Serge professionnel chez Sonolor
entre autres dans les années 70  et décédé accidentellement en 1991

 

 

 

 
 
     

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