Hubert-Ferdinand OPPERMAN
Depuis que cette rubrique existe, nous avons voyagé, à maintes reprises, dans la roue d’explorateurs ou de champions à la recherche d’une place au soleil mais jamais nous avons évoqué le parcours de ces exilés du bout du monde venus faire carrière dans la vieille et lointaine Europe. En retraçant pour vous, la carrière formidable de celui que l’on sur nommait affectueusement Oppy, cette chronique constituera un hommage à tous les cyclistes des antipodes qui abandonnaient pendant de longs mois, leur famille et leur pays, pour se frotter aux meilleurs coureurs du monde et découvrir les courses qui les faisaient rêver. Aujourd'hui’hui les moyens de locomotion ont changé, internet permet à tout un chacun d’avoir en permanence un lien avec ses proches mais le cœur du cyclisme reste toujours en Europe et les coureurs qu’ils soient Australiens, néo zélandais ou plus simplement américains doivent encore, s’ils souhaitent faire carrière, s’expatrier.
Hubert Ferdinand Opperman est né le 29 mai 1904 à Rochester, dans le comté de Victoria à 180 kilomètres au nord de Melbourne. Dans cette petite bourgade de moins de 2000 habitants ses parents pour l’un d’origine Allemande et pour l’autre Britannique vivent des multiples petits boulots qu’exerce le père d’Oppy. La famille ne roule pas sur l’or et Monsieur Opperman ne rechigne pas à la tache, on le retrouve ainsi comme boucher, mineur, bûcheron et même chauffeur. Dès l’âge de huit ans, Hubert commence à faire du vélo mais c’est un gamin de la campagne et il apprend également à labourer avec six chevaux de trait et à monter à cru. Le vélo lui plait et lui permet très vite de gagner un peu de menue monnaie en livrant les télégrammes. Il montre de réelles aptitudes pour le cyclisme et obtient de bons résultats dès les premières courses auxquelles il participe.
En 1921, à 17 ans, il termine troisième d’une course cycliste réputée de la région. Le prix pour le troisième était constitué d’un vélo de course offert par Malvern Star Cycles, une boutique de vélo installée dans une banlieue de Melbourne, le quartier de Malvern. Le propriétaire de la boutique, Bruce Small, fut séduit par les qualités sportives et probablement humaines d’Oppy et il lui offrit un rôle dans l'entreprise ce dont il n’eut jamais à se plaindre bien au contraire tant la popularité d’Oppy, qui resta toute sa vie fidèle à la marque Malvern, fut une publicité efficace.
Dès lors sa carrière est lancée et à 20 ans, en 1924 il remporte sa première grande victoire en décrochant le titre de champion d’Australie sur route, titre qu’il remportera à nouveau en 1926, 1927, et 1929. Oppy est un coursier endurant, qui sans être un grand grimpeur passe plutôt bien les côtes et surtout il est rapide au sprint. Il rêve du vieux continent et des courses comme le Tour de France ou Paris Brest Paris, dont il a découvert l’importance grâce aux reportages qu’il a lu et relu dans divers magazines sportifs diffusés en Australie. Il en connaît tout la mythologie et quelque part pour lui, on ne peut pas être un véritable coureur sans s’être frotté à ces monuments. A l’époque, les coureurs australiens n’intéressent personne et il lui faudra patienter quatre ans encore avant que la chance lui sourit enfin. The Melbourne Herald et The Globe Sporting, deux journaux australiens ainsi que The Sun en Nouvelle-Zélande s’associèrent à la fin de 1927 pour créer un fonds destiné à financer une équipe mixte Australie - Nouvelle-Zélande sur le Tour de France. Grâce à ce financement, Opperman arriva en Europe en avril 1928 en compagnie de ses compatriotes Erinie Bainbridge et Percy Osborne ainsi que d’Harry Watson de la Nouvelle-Zélande.
En 1928 le voyage entre l’Australie et l’Europe s’effectuait en bateau et durait de nombreux jours alors pas question de perdre la forme
A leur arrivée, ils n’étaient pas les seuls cyclistes australiens à Paris car dans le cadre des six jours au Vélodrome d'Hiver, Oppy eut le plaisir de rencontrer Reginald Mac Namara, la star du cyclisme australien. Bien qu’âgé de 40 ans, Réginald Mac Namara est encore un des meilleurs coureurs de six jours du monde et pour Oppy c’est une rencontre importante. Le jeune franco-américain, René de Latour croise Oppy à cette occasion. Effectuant son service national, René de Latour, qui n’est pas encore le grand journaliste écrivain, qui plus tard collaborera à Paris Soir, à l’Equipe et à la revue Britannique Sporting Cyclist avant de diriger pendant dix ans le Tour de l’Avenir, avait profité de sa maîtrise de l’anglais pour décrocher un petit job auprès de Mac Namara. Celui ci le présenta à Oppy. Voici ce qu’il écrira plus tard de cette première rencontre :
« Une différence importante entre Oppy et ses coéquipiers, résidait dans le fait qu'ils ne considéraient pas tous le séjour en l'Europe de la même façon. Alors que les autres regardaient plutôt cela comme un voyage dont ils allaient ramener quelques souvenirs à la maison, pour l’enthousiaste Oppy c'était une occasion formidable d'atteindre le sommet dans la compétition internationale ... Son arrivée en France avait été annoncé avec un certain scepticisme. « Un beau mensonge qui vient de loin selon le proverbe français ». Ces victoires sur route en Australie ne signifiaient rien pour les coureurs français et encore moins pour les Belges. Qui y a t-il battre là-bas, de toute façon? disaient-ils. Observons-le sur la route, alors nous saurons. Nous n'avons pas encore vu de routier australien de classe. »
Il semble que René de Latour et Oppy se soient très vite liés d’amitié et selon certaines sources de Latour aurait apporté son assistance technique à Oppy sur le Tour en lui transmettant les écarts et en lui passant des bidons.
Opperman et ses camarades rejoignent un camp d'entraînement dirigé par Paul Ruinart, meneur d’hommes, entraîneur du Vélo Club de Levallois et surtout grand découvreur de talent. Paris-Rennes sera leur première course. L’épreuve se déroule dans des conditions météorologiques exécrables : des pluies torrentielles alternent avec des averses de grêle peu avant le départ qui sera donné dans un froid hivernal. C’est le luxembourgeois Nicolas Frantz qui l’emporte et Opperman prend une bonne huitième place. Quelques jours plus tard Opperman fera définitivement taire tous ceux qui pensaient que les australiens n’avaient pas leur place dans les courses de la vieille Europe en prenant la troisième place derrière Georges Ronsse et Nicolas Frantz d’une grande classique : Paris-Bruxelles.
C’est sous le maillot de Ravat-Wonder que les coureurs de l’hémisphère sud prirent le départ du Tour.
Henri Desgranges était alors prêt à tout essayer pour faire de sa course un événement populaire supérieur à tous les autres, et il avait parfois des idées pour le moins saugrenues. Ainsi, il décida que pour l’édition 1928 les 1ère, 8ème, 15ème et 21ème étapes se dérouleraient sous forme de contre la montre par équipe. Ceci favorisa bien évident les grosses écuries et surtout l’équipe Alcyon du futur vainqueur le luxembourgeois Nicolas Frantz. Alyon était composée de 6 coureurs, l’équipe J.B. Louvet comptait 10 coureurs et Alleluia – Wolber 9 alors que l’équipe d’ Australie n’en comptait que 4. Visiblement Desgranges avait un sens de l’équité très particulier. Des 162 partants seuls 42 courageux rallièrent l’arrivée à Paris et parmi eux un seul Australien, Oppy qui prit, compte tenu des bizarreries de Desgranges, une excellente 18ème place. Oppy réussit même à terminer à quatre reprises dans les dix premiers d’une étape. Ludo Feuillet le manager de l’équipe Alcyon remarque vite la ténacité et le courage du coureur australien et il finit par lui procurer des conseils et il l’aide même techniquement en lui fournissant quelques pneus.
Voici comment Oppy décrivit, quelques années plus tard, son dur apprentissage sur les routes du Tour : « Alors que le vélo était frappé et secoué sur un terrain inégal, on cherchait de la compagnie, un autre homme avec qui partager la misère anxieuse de ces heures incertaines. Oui, il était là, une vague silhouette d'une figure voûté et se balançant dans l’effort pour trouver une piste lisse. Le français est l'espéranto de la fraternité cycliste, alors je me permis quelques mots dans cette langue. C'est dur (it is hard)», mais seul un grognement me répondit. Pendant un mile nous avons roulé en silence, puis à nouveau en français, j'ai essayé:« Ce Tour - il est très difficile – on est tous fatigués. "Une fois de plus je n’eu pour toute réponse qu’un grognement. « Le butor inculte », pensai-je, je vais répondre à sa place. «Il fait très sombre, et vous êtes trop fatigué pour parler », dis-je sarcastique. Le ton que j’employais déclencha un flot de paroles et une voix tout à fait inattendue hurla en anglais : «Tais-toi, bavard de français - Je ne comprends pas un traitre mot de ce que tu jacasses», et alors j'ai réalisé que sans le savoir je roulais avec Bainbridge ».
Après le Tour Hubert Opperman ne se reposa que peu de temps, tant il voulait tirer le maximum de son séjour en France. Pour apprendre et devenir un professionnel reconnu par le public et surtout par ses pairs il n’y avait dans son esprit qu’une seule solution : courir encore et toujours. Oppy se lança ainsi dans les épreuves d’endurance sur piste et il remporta brillamment le Bol d’Or sur le vélodrome de Paris Buffalo. Dans cette épreuve de folie qui durait 24 heures, les coureurs étaient entraînés par des tandems ce qui leur permettait d’atteindre des moyennes très élevées. Oppy, face au coup du sort dont il fut victime, montra un tel courage qu’il devint le chouchou du public. En effet la chaîne de son vélo ayant été sabotée, son manager, dans l’urgence, ne put lui fournir que le vélo de son interprète, une lourde machine avec guidon relevé et gardes boue. Quand il redémarra avec cet engin il avait 17 tours de piste de retard soit 8,5 kilomètres sur l’homme de tête, Achille Souchard, champion de France sur route en 1925 et 1926 et récent 5ème de Paris Roubaix. Pendant près de 17 heures il pédala sans jamais s’arrêter, et il remonta un à un tous ses adversaires, pour l’emporter sous les « allez Oppy » des 50 000 spectateurs. Selon certaines sources que je n’ai hélas pas pu confirmer, à l’arrivée son entraîneur lui proposa de continuer à pédaler car Oppy se trouvait en avance par rapport au tableau de marche du record du monde des 1000 kilomètres. Fatigué, Oppy se laissa finalement convaincre par les vivas de la foule et il remonta sur son vélo pour une heure et 19 minutes supplémentaires qui lui permirent de battre ce fameux record. C’est probablement lors de cette course particulière qu’Oppy se découvrit définitivement une passion et des qualités pour les épreuves de longue distance qui marqueront désormais la suite de sa carrière.
Avec cet exploit magnifique Oppy est une célébrité en France, Il est même désigné sportif le plus populaire d'Europe en 1928 par les 500.000 lecteurs du journal sportif français « L'Auto », devant le champion de tennis Henri Cochet. Populaire, Oppy l’est tout autant à son retour en Australie où ses exploits relayés par les journaux sponsors de l’équipe montrent à tous que les coureurs locaux n’ont rien à envier aux Européens. Dans la popularité d’Oppy il y a probablement un peu du nationalisme d’un peuple qui, de par sa situation géographique, aux antipodes de l’Europe, vivait un peu en vase clos et qui avait besoin de s’affirmer et surtout de se rassurer quand à ses capacités par rapport aux autres nations.
Reparti dans son pays, en ayant emmagasiné beaucoup d’expériences, Oppy est désormais un coureur confirmé, il est la star du cyclisme sur route australien mais malgré le marquage dont il sera désormais l’objet, il va tenir son rang. Il a également renforcé sa popularité en remportant à trois reprises la Warrnambool – Melbourne Classic (1924, 26, 29). Cette épreuve crée en 1895 et qui existe toujours, est considérée aujourd’hui comme la plus longue course cycliste professionnelle du monde avec 299 km (à l’époque d’Oppy, l’épreuve ne comptait que 275 km). En 1930 il réussit également sur le motodrome de Melbourne à parcourir 100 miles en 1 heure, trente neuf minutes et 38 secondes.
Oppy continue de rêver aux grandes courses européennes et il va se servir de sa popularité pour trouver des sponsors qui lui permettront de revenir courir une saison complète en Europe. C’est en 1931 qu’Oppy débarque à nouveau en France avec cette fois ci deux objectifs : faire mieux dans le Tour de France et briller sur Paris – Brest – Paris. Vainqueur du circuit du Bourbonnais, de Lyon – Genève – Lyon et également 6ème de Bordeaux – Paris au printemps, Oppy est désormais un coureur respecté au sein du peloton Français. Il dispute le Tour au sein d’une équipe mixte australo suisse en compagnie de trois de ses compatriotes (un seul Richard Lamb terminera l’épreuve, lanterne rouge). Desgranges qui continue ses expérimentations incohérentes a décidé cette fois de faire courir le tour par des équipes nationales, de regrouper les routiers indépendants par région et d’organiser des départs séparés pour six étapes. 4ème à Colmar, Oppy achève la course remporté par Antonin Magne à une belle 12ème place.
Hubert Opperman after winning the 1931 Paris-Brest-Paris endurance race
Disputé du 4 au 6 septembre 1931, Paris – Brest – Paris va définitivement asseoir la réputation d’Opperman qui va s’imposer dans le temps de 49 h 23 minutes pour 1166 km, malgré la pluie et le vent. Paris-Brest-Paris, était alors ce que l’on pourrait appeler une épreuve open regroupant des amateurs et des professionnels. Cette épreuve était alors la plus longue course du monde. En 1931, l’épreuve était doté d’un plateau de coureurs de renom, avec notamment deux lauréats du Tour, Nicolas Frantz et Maurice Dewaele, ainsi que des coureurs de classiques.
A propos de la course, Opperman a déclaré : «Nous avons commencé dans l'obscurité et nous nous sommes trouvés pris dans les hurlements du vent et la pluie battante tout le chemin jusqu’à Brest. Il nous a fallu plus que 25 heures (pour atteindre Brest). Une fois que nous avons tourné là-bas, les coureurs sur la route étaient tous rempli de fatigue. Une fois j'ai dû repousser Frantz lorsqu’il s'est endormi».
A l’issue de Paris – Tours et après une saison européenne bien remplie, Oppy est rentré dans son Australie natale. On ne retrouve aucune trace de lui dans les palmarès des années 32 et 33 et il ne nous a pas été possible de connaître le quotidien d’Oppy durant cette période. Il semble que pour une raison qui nous échappe Oppy est mis sa carrière entre parentmhèse durant ces deux années. Toujours fidèle à la firme de cycles Malvern, Oppy fit son retour en Europe et plus précisément en Angleterre en 1934. Il semblerait que the Malvern Star bicycle company, outre sa propre production de cycles, représentait en Australie, la firme Britannique BSA factory et que celle-ci aurait sponsorisé Oppy afin qu’il vienne courir en Grande Bretagne pour battre des records de longue distance et ainsi faire de la publicité pour BSA. A la vue des performances d’Oppy on peut dire que ce fut une excellente opération marketing pour la firme. Oppy abattit un boulot phénoménal en une quinzaine de jours.
Il battit ainsi le record du ville à ville Londres – York avant de battre le record des 12 heures avec 243 miles soit 391 kilomètres. Quelques jours plus tard, il réussit à atteindre 431,5 miles en 24 heures soit 694 kilomètres (28,9 km/h de moyenne…). Il réussit le raid des 866 miles séparant Land's End à John O'Groats en 2 jours 9 heures 1 minute ce qui constitua un nouveau record. Dans la foulée il s’attaqua à la distance des 1000 miles qu’il boucla en 3 jours 1 heure et 52 minutes. Ces performances nous semblent aujourd’hui totalement vaines et inutiles mais à l’époque elles étaient visiblement très en vogue dans les pays anglo-saxon et Oppy s’y construit une renommée énorme. Il a trouvé définitivement sa voie. Il préfère la souffrance solitaire aux accélérations et aux coups de patins des courses en peloton. Pas de tactique, pas d’adversaire à battre, simplement aller le plus loin possible, repousser encore et encore ses propres limites et rien d’autre.
Oppy est un vrai drogué de la bicyclette et les cinq premiers records que nous venons d’évoquer ont, selon la légende, été réalisés en 14 jours… Après les records sans entraîneur motorisé Oppy s’élança sur les mêmes distances derrière moto. Il obtient ainsi le record mondial non-officiel des 24 heures derrière moto avec 860 miles soit 1384 km (57,6km/h de moyenne), et le record du monde non officiel des 1000 miles derrière moto avec 28 heures 55 minutes 10 secondes (55,6 km/h de moyenne).
En 1935, il revint en Grande Bretagne et améliora le record des 24 heures avec 461.75 miles (758km) et il réalisa Londres-Bath-Londres en 10h 14m 42s, Land's End-Londres en 14h 9m. Il partagea le record en tandem pour Londres-Londres avec Ernie Milliken, en 8h 55m 34s. En 1937, il réalisa Londres-Portsmouth-Londres en 6h 33m 30s. Durant cette période Oppy délaisse beaucoup les courses sur route mais quand il s’aligne au départ d’une course il montre à tous qu’il est toujours un excellent coureur comme en témoigne sa 8ème place aux mondiaux de 1935.
Par la suite Hubert Opperman s’est quasi exclusivement consacré à ce que les italiens appèlent le gran Fondo, les épreuves de longue distance. Les grands raids sont définitivement devenus son terrain de prédilection. Ainsi, outre les records du monde des 100 miles en 1938 et 1939, il va réaliser un exploit qui marquera l’esprit des Australiens en reliant Fremantle à Sydney soit 2875 miles dans des conditions plus que difficiles. Sur de longs tronçons de chemins défoncés et sur des pistes de sables mous où il a dû transporter son vélo dans la chaleur torride il mit un peu plus de 13 jours pour parcourir les 4625 kilomètres séparant les deux villes. Un reporter australien qui suivi l’exploit raconta qu’à plusieurs reprises Oppy s’était endormi sur sa machine et que chaque fois c’est sa propre chute qu’il l’avait réveillé.
«À un moment donné, à la lueur de la voiture derrière moi, je vis un gros serpent juste devant ma roue, et je ne pouvais pas m'arrêter. Tout ce que je pouvais faire, c'était de projeter ma roue sur lui. Je suppose que je dois l'avoir tué. Puis, à Nanwarra Sands, j'ai dû porter le vélo durant 10 miles dans le sable mou. Nous avons appris (durant ce rai) que je pouvais gagner du temps en dormant seulement 10 minutes à la fois, c’est quelque chose que je n'ai jamais oubliée».
Il est surprenant d’ailleurs de voir comment le cyclisme a évolué de manière différente un peu partout dans le monde. Les exploits d’Oppy nous semble venir d’un autre temps, de la période où Charles Terront, managé par Herbert Duncan, réalisait le raid Paris Saint Pétersbourg pourtant près de quarante ans se sont écoulés depuis mais le centre de l’Australie, encore peu peuplé et fort mal desservi en voies de circulation constitue une sorte de Far West, un terrain propice à ce genre d’exploit fou et vain…
Entre 1938 et 1940 Oppy va encore réussir quelques exploits sur les longues distances : sur route 506 miles en 24 heures, sur piste 489 miles en 24 heures.
C’est finalement la deuxième guerre mondiale qui mettra un terme à la longue carrière d’Oppy qui s’engagea dès 1940 dans la RAAF « the Royal Australian Air Force ». Il servit son pays de 1940 à 1945 et termina la guerre en tant que lieutenant de l’armée de l’air. Il reprit très brièvement la compétition avant de se retirer définitivement en 1947. Dès lors Oppy va entamer une carrière politique où il connaîtra autant de succès que sur le vélo.
Opperman rejoint le Parti Libéral immédiatement après la guerre et, en 1949, il est élu au Parlement Australien dans la circonscription de Victoria du Corio, région de Geelong. Lors de cette élection il triompha face à un ancien ministre du Travail, ce qui immédiatement lui donna un poids certain au sein de son propre parti. Il conserva son siège durant 17 ans. Opperman que désormais plus personne n’ose appeler Oppy progresse aussi vite dans les hautes strates du pouvoir qu’il le faisait sur son vélo. Il devient porte parole du gouvernement en 1955. Il a été nommé ministre de la Marine et des Transports, en 1960. C’est à cette date qu’il a quitté un poste de Direction qu’il occupait à la Malwern Star Conpagny, l’entreprise de cycles de ces débuts afin d’éviter tout conflit d’intérêt entre ses fonctions d’homme d’Etat et celle de dirigeant d’entreprise. Entre décembre 1963 et décembre 1966, il fut Ministre de l'immigration dans deux ministères successifs.
Hubert Opperman abandonna le gouvernement lorsqu’il devint le premier haut-commissaire australien pour Malte, poste qu’il occupa de 1967 à 1972.
En politique comme sur le vélo ou dans les affaires, Opperman était un homme indéfectiblement fidèle, travailleur et discret.
Durant sa carrière politique, Oppy n’oublia jamais sa passion pour la petite reine et il continua à rouler régulièrement malgré un emploi du temps chargé. Il fut également, jusqu’à sa mort, le patron de l’Audax Australien, structure destinée à favoriser les épreuves d’endurance et de régularité chères à Henri Desgranges. Oppy pratiqua la bicyclette jusqu’à l’âge de 90 ans jusqu’à ce que sa femme, inquiète pour sa santé réussisse à le convaincre de ne plus faire de la route. Comble de l’ironie, où plaisir suprème pour un amoureux fou de la petite reine, Oppy est quand mort sur sa bicyclette. C’est en effet sur son vélo d’appartement qu’il a été emporté par une crise cardiaque à l’âge de 91 ans.
Opperman a été nommé Officier de l'Ordre de l'Empire britannique (OBE) en 1953, et créé chevalier en 1968 pour ses services en tant que Haut Commissaire à Malte. En 1991, Hubert Opperman et son épouse, Lady Mavys, ont été invités à revenir en France pour les célébrations du Centenaire du premier Paris-Brest-Paris. Invité à l’Elysée par François Mitterand, Oppy reçu également la médaille d'or de la ville de Paris des mains de Jacques Chirac, Maire de l’époque.
Sa mémoire est commémorée chaque année avec the Opperman All Day Trial, une épreuve Audax, qui a lieu en Australie au début du mois de Novembre dans lesquels des équipes de trois coureurs ou plus doivent parcourir au minimum 360 kilomètres en 24 heures.
Venu en Europe pour découvrir les monuments du cyclisme international et apprendre son métier, Oppy a su, à force de travail se faire respecter pour son talent et son professionnalisme. C’est lui qui a donné au cyclisme australien ses premières lettres de noblesse et des coureurs comme Phil Andersson et Cadel Evans sont les dignes héritiers d’un homme qui avait compris que seules les grandes courses font les grands coureurs. Homme d’une volonté farouche, capable d’aller au-delà de la douleur pour réaliser d’impossibles et vains exploits d’endurance, il a montré tout au long de sa carrière un courage hors de commun. Chapeau Monsieur Opperman.
1924
Champion d'Australie.
1er Gouldbourn-Sydney.
1er Warrnambool – Melbourne Classic
1925
Champion d'Australie de demi-fond.
1926
Champion d'Australie.
1er Warrnambool – Melbourne Classic
1er Wonthaggi-Melbourne.
1927
Champion d'Australie.
1er GP Dunlop.
1928
1er Bol d'Or.
1929
Champion d'Australie.
1er Warrnambool – Melbourne Classic
1er Gouldbourn-Sydney.
1er Kapunda-Adelaïde.
1930
1er Tour de Tasmanie.
1er 1re étape Sydney-Melbourne.
1er 5e étape Sydney-Melbourne.¨
2ème Sydney-Melbourne.
1931
1er Paris-Brest-Paris.
1er Circuit du Bourbonnais.
1er 2ème étape Circuit du Bourbonnais.
1er Lyon-Grenoble-Lyon.
3ème GP de Marseille.
6ème Bordeaux-Paris.
12ème Tour de France.
1934
1er Mémorial Bidlake.
1935
8ème Championnat du Monde.
1938
1er Launceston-Hobart-Launceston.
1er Adelaïde-Port Pirie.
Record du Monde des 100 miles.
1939
Record du Monde des 100 miles
autres liens :
http://www.rochester.org.
http://4sports.com.au
http://www.too-velo.com
http://en.wikipedia.org/wiki/Hubert_Opperman
www.memoire-du-cyclisme.net
www.siteducyclisme.net
http://canberrabicyclemuseum.com
Ouvrages :
Jean Dury L'enCYCLEopédie
Pedals, Politics and People (1977) Hubert Opperman
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