
Coup de chapeau à :
HENRI FARMAN
des ROUES et des AILES !

Il est des hommes qui construisent leur vie patiemment, petit
à petit, à l'image des fourmis et d'autres dont
l'existence se construit dans le mouvement. Leur devise pourrait
bien être : toujours plus loin, plus haut, plus vite.
C'est de cette race d'homme dont je vais vous parler aujourd'hui.
A la fin du 19ème siècle, le vélo est
apparu à beaucoup de jeunes hommes comme le seul moyen
de se déplacer, de découvrir le monde, d'aller
vite et cela de manière totalement autonome. C'est
pour ses qualités là, totalement nouvelles pour
l'époque que la bicyclette allait connaître un
développement exemplaire, attirant momentanément
dans ses rangs tous les fondus de nouveauté et de vitesse.
Six hommes dont le nom est passé à la postérité
pour d'autres exploits ont débuté avec éclat
dans le cyclisme. Il s'agit des frères Henri et Maurice
Farman, de Léon Bathiat, Edouard Nieuport, Edmond Audemars
et Alexandre Anzani.
Farman, ce nom évoque sûrement quelque
chose pour vous mais pas dans le domaine du cyclisme. Pourtant
avant d'être mondialemen connu pour ses exploits aéronautiques
a d'abord été un authentique champion cycliste.
Né à Paris en 1874 d'un père anglais
(qui était journaliste) et d'une mère française,
Henri se destinait à la peinture. Mais il avait de
grandes dispositions pour un autre " art " : celui
de rouler à bicyclette.
À 18 ans, il gagne le championnat des 100 kilomètres
des Beaux-Arts, puis la course Paris-Clermont face à
des cadors de l'époque.
Paris - Clermont Ferrand, course organisée par les frères Michelin, était réservée
aux coureurs montant des machines chaussées de leurs
pneumatiques. 194 coureurs prirent le départ du pont
d'Argenton, ils rencontrèrent à plusieurs endroits
des clous semés sur la chaussée par les organisateurs
pour montrer la facilité des réparations. Le
jeune Henri, agé de seulement 18 ans l'emporta en 17
h 38 devant Corre (4ème du premier Paris Brest remporté
par Terront en 1891).
Bien
souvent cette photo est donnée comme un portrait de
Jules Terront mais la silhouette beaucoup plus fine et longiligne
est sans hésitation celle d'Henri Farman.

Henri Farman sera également champion de France
de demi-fond en 1892. Remarqué pour ses qualités
athlétiques et aussi pour son envie de découvrir
le monde il participe au raid Paris Madrid en 1893 en compagnie
de l'écrivain Edouard de Perrodil.
Très vite il devient coureur cycliste professionnel
et forme avec son frère Maurice une équipe de
tandem imbattable. Il est très difficile de retrouver
aujourd'hui des traces des courses de tandem qu'ils disputèrent
entre 1894 et 1896, mais les historiens du vélo se
montrent unanimes sur leurs qualités et sur leur force
dans une discipline qui semble très en vogue à
la fin du 19ème siècle.
Très vite l'automobile en plein développement
attire Henri FARMAN. C'est pour lui le moyen d'aller
encore plus vite et plus loin. Il se lance dans la compétition
et montre, la encore, de formidables qualités. Il se
classe premier des grosses voitures dans Paris-Vienne en 1902
et s'illustre dans plusieurs autres courses importantes. Pour
ce touche à tout de génie, l'automobile perd
bientôt, elle aussi, de son intérêt face
à une autre invention qu'il pressent pleine d'avenir
: l'aviation. Il participe aux essais de planeurs de tous
types à Berck-Plage. Ca y est, il a trouvé sa
voie, il entre dans le "monde aéronautique"
et finit par commander un appareil aux frères VOISIN qu'il obtint en août 1907. Comme pilote, FARMAN manifeste, d'emblée des dons exceptionnels, au point
qu'il sera le premier à déterminer d'une manière
précise et définitive le processus de pilotage
d'un avion. Avec lui, la période des " bonds "
aéronautiques fut close, désormais, l'avion
allait pouvoir évoluer comme un oiseau... Après
un mois de tentatives, FARMAN parvint, le 26 octobre
1907, à faire franchir par son biplan Voisin tout le
terrain d'Issy-les-Moulineaux, couvrant 770 mètres
en 52 secondes, soit 88 km/h. Le prix Deutsch-Archdéacon
qui faisait courir tout le petit monde de l'aéronautique
de l'époque était en vue ! Pour devancer ses
rivaux, parmi lesquels Louis Blériot, Farman convoque
les officiels au petit matin glacial du 13 janvier 1908. Et
bientôt, il décolle aisément, monte à
une dizaine de mètres, contourne le poteau planté
au milieu du terrain d'Issy-les-Moulineaux, et revient à
son point de départ. Vol sensationnel, vol historique,
qui a duré exactement 1 minute 28 secondes.
Vélo ! Toro ! - De Perrodil est journaliste, Farman étudiant aux beaux-arts, tous deux adeptes de la petite reine, le premier a participé à deux Bordeaux – Paris (21e en 1892 il monte à la 17e place l’année suivante), le second est champion de France de demi-fond et a remporté un an plus tôt Paris – Clermont Ferrand.
« Vélo ! Toro ! » ou la relation d’un voyage de Paris à Madrid, en 1893, par deux vélocipédistes, Edouard de Perrodil et Henri Farman. (source : http://pennarbed.over-blog.fr/article-perrodil-velo-toro-81845121.html)
Voir notre coup de chapeau à ... Edouard de Perrodil |

Les 50.000 francs-or du prix Deutsch-Archdeacon tombaient
dans l'escarcelle d'un ancien coureur cycliste qui avait failli
être peintre...
L'aviation était née; une stèle sur
le terrain commémore la performance.
Henri Farman aidé de son frère Maurice
continua sur sa lancée, et réalisa d'autres
prouesses : premier vol avec passager le 28 mars 1908, (il
est le passager), premier vol de ville à ville (Bouy
à Reims, 27 km en 20 Minutes) ainsi que plusieurs records
de vitesse et d'altitude.
En 1919, il crée l'une des premières compagnies
aériennes ouvertes au public en France
Sur sa tombe, au cimetière de Passy il est écrit
: "IL A DONNE DES AILES AU MONDE" (voir illustration en bas de page)
Henri
(1874/1958)

Henry et Maurice Farman à droite en.1908
Si le polo-vélo n'a pas atteint de sommets de popularité en France avant la première guerre mondiale, il n'en a pas moins séduit des personnalités telles que les frères Farman. En effet, en cet fin du 19ème siècle, les premières courses cyclistes se pratiquaient suivant l'exemple des courses hippiques, il devint alors logique d'essayer le polo à vélo !

Henry Farman parcourt le premier kilomètre
sur circuit le 13 janvier 1908

Vue d'un biplan Farman F.20 de reconnaissance
et bombardement (1914)
D'autres champions cyclistes, poussé par la même
envie de vitesse suivront une carrière proche des frères
Farman et deviendront aussi des pionniers de l'aviation comme
Léon Bathiat.
Né le 4 août 1877, Léon Bathiat débute dans les compétitions sportives par le
cyclisme sur piste alors qu'il a tout juste dix sept ans,
en même temps que d'autres futurs aviateurs : les parisiens
Henri et Maurice Farman, Edouard Nieuport, le mosellan Roger Sommer que ses supporters ont surnommé
le " sanglier des Ardennes " , un homme du Nord
comme lui et le bouillant Italien Alexandre Anzani.
En 1900, sur sa bicyclette, Léon Bathiat bat
le record du monde du cent mètres départ arrêté,
un record qu'il conservera jusqu'en 1922 ! Son patronyme est
alors plus célèbre que celui de son homonyme,
la future comédienne Arletty.
Ensuite comme Henri Farman, viscéralement passionné
par la vitesse, il passe l'année suivante du deux roues
au tricycle à pétrole, spécialité
dans laquelle il devient champion de France en 1902, puis
champion d'Europe et enfin champion du monde ! En 1904, il
passe à la motocyclette;son principal concurrent sur
les pistes parisiennes est Anzani, qui bricole déjà
les moteurs de ses motocyclettes pour leur donner des chevaux.
En 1906 et 1907, Bathiat pilote des voitures de course, avant
de s'intéresser à l'aviation. Premier pilote
d'essais, aux côtés de Louis Breguet en
1910, il réalise la première traversée
de la France dans la journée (Calais-Biarritz, 820
km, 7 ravitaillements, 1912). Le 25 janvier 1912, sur un biplan
Sommer, Bathiat est le premier aviateur au monde à
dépasser la vitesse de 150 km/h ! Comme Farman c'est
aussi un entrepreneur, il crée avec Sommer la société
Sommer-Bathiat (Réparation d'avions, 500 ouvriers en
1916). Il est également l'organisateur du premier meeting
aérien d'après-guerre au Bourget (1922).

Édouard Nieuport
Né le 24 mai 1875 à Blida en Algérie
d'un père militaire, Édouard de Niéport
- qui se fait appeler plus simplement Nieuport - après
de bonnes études se prépare à entrer
en 1896 à l'école Polytechnique. Mais, il préfère
s'adonner à une passion, les courses de vélo
et il suit les cours de l'Ecole d'Electricité.
Sur deux roues, Édouard Nieuport remporte le prix Zimmermann
en 1897 et se classe plusieurs fois des les meilleurs dans
les grands prix de vélo en 1898, sur une bicyclette
surbaissée à l'avant à cadre Rudge.
Nieuport ne fait pas partie des premiers avionneurs, ceux
qui défrichent le terrain, mais de la seconde génération,
celle des sportifs recherchant les performances. A 35 ans,
avec son passé de sportif, il veut créer des
machines racées, c'est ce qu'il fera jusque à
sa mort des suites d'un accident d'avion en septembre 1911.
Edouard Nieuport.

Audemars, Edmond 
Suisse d'origine Edmond Audemars présenta très
vite de grandes aptitudes pour le cyclisme. Il est champion
du monde amateur cycliste (information que je n'ai pas pu
vérifier), puis coureur motocycliste et agent général
en Allemagne pour Motosacoche. Brevet de pilote en poche en
1910, il est ami de Roland Garros, avec qui il séjourne
aux Etats-Unis. Il devient chef-pilote chez Louis Blériot.
Ses exploits sont nombreux :premier vol Paris-Berlin en un
jour (1912), vol Bâle-Genève (1913), record de
vol en altitude (6600 m. en 1915). Démobilisé
en 1915, pilote d'essai à Paris, il est engagé
comme agent de Lecoultre & Cie auprès de Jaeger
(instruments de vol pour avion). Participant de l'Association
Jaeger-Le Coultre en 1917, directeur commercial de Jaeger
en 1923, il sera pendant plusieurs décennies administrateur
de Le Coultre & Cie.

Alessandro
Anzani
Anzani (1877/1956) sur une moto à moteur en éventail
(voir "Coup de chapeau à ... Alessandro Anzani)
Né à Corla en Italie, Alessandro Anzani fut d'abord coureur cycliste avant de devenir un pilote de
motos. Si l'on trouve de sa carrière cycliste que par
les témoignages évoquant ses duels avec Léon
Bathiat il reste comme le premier champion du monde de
moto en 1905 et il atteint rapidement la notoriété
et la fortune.
Anzani sur l'aéromotocyclette
En septembre 1906, il participe aux essais de
l'Aéromotocyclette, sur laquelle il établit
un record de 80 km/h à Asnières-sur-Seine. Il
crée, en 1906, sa propre société de fabrication
de moteurs à Asnières puis à Courbevoie.
En 1908, il sort plusieurs nouveaux moteurs de motos : bicylindre
à plat, trois cylindres en éventail. Il fournit
des moteurs de ce type pour l'aviation aux frères Caudron
et à Louis Blériot, avec lequel ce dernier traverse
la Manche.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale, la production
se diversifie, avec toute une gamme de moteurs en V et en
étoile, allant jusqu'à 20 cylindres et en 1911
il crée , une filiale en Angleterre, la British Anzani
Engine Company, qui existe toujours..
La passion de la vitesse voilà probablement ce qui
caractérise le mieux la trajectoire de ses hommes exceptionnels.
Le cyclisme tout d'abord mais le cyclisme comme moyen de satisfaire
une envie folle, une envie qui se reportera sur d'autres inventions
procurant encore plus de sensations : la moto, l'automobile
et enfin l'aviation. Vivre à fond : aller vite, loin,
explorer le monde, découvrir de nouvelles sensations.
Tous ces hommes, dont je vous ai brosser un portrait rapide,
outre leur passage souvent brillant dans le milieu du cyclisme
ont en commun d'être allés au bout d'eux-mêmes
et au bout de leurs rêves.


Le département de la ville de Paris,
rend hommage à Henri Farman (source : http://albindenis.free.fr)
Tombe d'Henri Farman - né le 26 mai 1874 - Décédé à Paris le 17 juillet 1958 - Aviateur et constructeur aéronautique français - Auteur du premer circuit fermé d'un kilomètre à Issy-les-Moulineaux, le 13 janvier 1908 - Premier voyage aérien entre Bouy (51) et Reims, soit 27 km, le 30 octobre 1908 - Remporte l'épreuve de distance sans ravitaillement, soit 180 km, pendant la semaine de l'aviation de la Champagne, du 22 au 29 août 1919 - Remporte également le prix avec passager et le record de temps de vol avec 8 heures - Création avec ses frères Maurice et Dick d'une compagne de construction aérienne en 1919 - Création avec ses frères de la Sosiété Générale des Transports Aériens en 1924 - Henri Farman repose au cimetière de Passy - Photo M. Alain Nicotera (montage : Le Petit Braquet)

La Poste rend hommage à Henri Farman |
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