Info-Vélocyclette
n°6/144 (juin 2024)
Bonjour à tous
Pour changer
un peu, c’est sous la forme d’une chronique que nous vous proposons cet
éditorial.
Phé-no-mé-nal !
C’est le premier
– et le seul – mot qui nous vint à l’esprit ce samedi 2 mars 2024, tandis que
nous assistions, interloqué, à un nouvel exploit que Tadej Pogacar
accomplissait sous nos yeux en Italie
pour sa course de rentrée sur les Strade Bianche.
Il nous
semblait impossible de ne pas penser à Fausto Coppi qui, dans les années 40-50,
s’était fait une spécialité de ces raids au long cours.
La
performance de Pogacar ne pouvait que susciter notre admiration pour
plusieurs raisons :
La première
est qu’elle s’inscrivait dans le contexte de son extraordinaire saison 2023 qui
l’avait vu s’imposer dans la plupart des courses auxquelles il avait participé,
malgré la coupure imposée en avril par sa fracture du poignet.
La seconde
est qu’il s’agissait, sur les routes italiennes, pour lui d’une course de
reprise.
Enfin, sur
des routes d’un autre âge, il s’imposait un raid solitaire de plus de 80 km que
nul ne lui demandait !
Du panache à
l’état pur !
Certes, Mathieu
Van der Poel lui répliqua le 22 mars avec un magistral E3 Saxo Classic, mais le
prodige slovène lui rétorquait, du 18 au
24 mars, dans un Tour de Catalogne étourdissant qu’il écrasa de ses quatre
victoires d’étape outre le succès final !
Soit six
victoires remportées en dix courses disputées. Parmi ses quatre « défaites »
(si l’on peut dire) : une 3° place à Milan-Sanremo (le 16 mars) et une
seconde place dans la première étape du Tour de Catalogne, le 18 mars !
Son appétit
d’ogre nous rappelait celui d’un certain « Cannibale ».
La saison était
lancée sous la forme d’un match duquel étaient toutefois hélas exclus
successivement Wout Van Aert, éliminé le
27 mars lors d’une chute spectaculaire dans A travers la Flandre, puis Jonas
Vingegaard, Remco Evenepoel et Primoz Roglic (excusez du peu !), tous les
trois victimes de la même chute, le 4 avril, dans la quatrième étape du Tour du
Pays Basque. Un véritable jeu de massacre ! Van der Poel avait, quant à
lui, déjà relevé le défi le 31 mars dans un Tour des Flandres de haute volée !
Phé-no-ménal !
C’est le
même mot qui revient sous notre « plume » un mois plus tard, le 21
avril, tandis que nous venons d’assister à une nouvelle démonstration du prodigieux
Slovène dans Liège-Bastogne-Liège.
En chiffres,
cela faisait donc 7 victoires en 11 épreuves disputées, pour se limiter à 2024.
Un pourcentage hors norme.
Et que dire
de la « manière » Pogacar qui rajoute toujours le cavalier seul (à
l’antique !) au succès.
Enfin, il y
eut le geste à l’arrivée, qui assignait à sa victoire un double sens intime, celui
d’une revanche sur un sort hostile qui l’avait privé de départ en 2022 suite à
un deuil familial (décès de la mère de sa compagne) et privé d’arrivée en 2023,
suite à la chute qui lui avait brisé le poignet.
Bref, il
avait un compte à régler avec cette course, ce qui fut fait et bien
fait !
Avouons que
nous nous surprenons nous-même à suivre avec cette passion la carrière de ce
nouveau champion. Elle nous rappelle celle que nous avons mis 20 ans à
reconstituer : la saga de Fausto Coppi.
Il y a pourtant une grande différence entre les deux
démarches. Pour le Campionissimo, elle a consisté pour nous à exhumer les
vestiges d’exploits dont nous n’avions, génération oblige, aucun souvenir
personnel, tandis que, grâce aux retransmissions télévisées, nous sommes témoin
en direct de ceux de Tadej Pogacar. Et nous constatons que, l’âge n’y faisant
rien (!), notre enthousiasme est le
même…
La suite,
avec le prochain défi du doublé Giro-Tour, s’annonce exaltante.
A moins que
la cruelle et cynique « sorcière aux dents vertes » ne s’interpose
une nouvelle fois pour brouiller les cartes et remplir les infirmeries et
autres hôpitaux de blessés.
Croisons les doigts pour que chacun retrouve sa chance d’ici
le prochain été, de sorte que ne soit pas minimisé le challenge que Pogacar
s’est fixé lui-même.
Pour le Giro, au moment où nous écrivons ces lignes, c’est
fait. Et comment ! Il vient en effet, le jour de la Pentecôte, d’asséner
un nouvel exploit sur la tête de la course, en remportant sa quatrième étape et
en repoussant son plus proche concurrent à près de 7’ ! Et le
surlendemain, au terme d’une courte étape dantesque, il confirmait insolemment sa
supériorité par un cinquième succès avec une aisance stupéfiante. Du jamais vu,
avant, pour point d’orgue, un sixième succès dans l’avant-dernière étape, le 25
mai, à Bassano del Grappa, rejetant son second à près de 10’ ! Le tout
avec l’élégance du geste final transformant l’exploit en un cadeau offert au
public ! Chapeau, Monsieur Pogacar !
Pour cette nouvelle saison, sa sixième bien qu’il n’ait
encore que 25 ans, cela tourne au festival, et les statistiques jouent en sa
faveur ! 76 victoires (série en cours) chez les professionnels, dont deux
Tours de France (sans compter le Tour de l’Avenir), un Tour d’Italie, trois
Tours de Lombardie, deux Liège-Bastogne-Liège, deux Strade Bianche, un Tour des
Flandres, une Flèche Wallonne, un Amstel Gold Race,…Un palmarès qui nous oblige
à revenir sur notre comparaison avec les « mythiques » Coppi-Anquetil-Merckx-Hinault
pour en changer la formulation de la manière suivante : Tadej Pogacar n’est-il
pas tout simplement en train de devenir meilleur qu’eux ? Autrement dit, le
meilleur coureur de tous les temps ???
Question dont la facilité insolente du Slovène obère le
caractère blasphématoire, même pour un thuriféraire du Campionissimo !
En tout cas un beau sujet de réflexion sur lequel nous aurons
sans doute l’occasion de revenir, ne serait-ce qu’en juillet prochain (Cf. notre
item n°13 ci-dessous).
1) Nos
rentrées de ce printemps: Cyclepedia (Michael Embacher) coffret de 100 cartes
postales cyclistes (Thames & Hudson edit); une assiette en faience légendée
“La course aux amours”; Fausto Koppie (Anke de Vries); Planète-Sport-Collection : Monuments du
Cyclisme (la fabuleuse histoire des grandes classiques) ; Cyclist n°47,
n°48; Tour 1934 (Album photos des partants) ; Petit éloge de la course
cycliste (Jean Cléder) ; Vélo-Magazine n°627, n°628 ; Cyclisme-Magazine
n°23 ; Planète-Cyclisme n° 121,122 ; Vélo 2024 (Joël Godaert-Guido
Elias) ; une histoire d’hommes en jaune (Univers du sport) ; Il Volo
dell’Airone (Giancarlo Governi), France-Illustration n°92 (du 6 juillet 1947, le Tour de
France),
2)Véritable
Géo Trouvetout de la vélocipédie, notre ami David Herlihy nous communique ses
dernières découvertes, parues dans La Semaine de Cusset du 22 août
1868:
L’intérêt de ces
réflexions sceptiques est augmenté par la différence de ton qu’on relève dans
l’article qui sera consacré au même sujet par le même journal un an plus tard
(le 28 août 1869):
Manifestement, en un an, la
« cause » avait progressé. Et même gagné !
Merci à David (et à
Gallica !) pour ces nouvelles révélations.
3)
Le saviez-vous ? Il existe en Italie un « mur des cyclistes »
unique en son genre, orné de la signature de champions que nous connaissons
tous. Le voici en vue panoramique :
Combien en dénombrez-vous ?
Puis un détail où vous en reconnaîtrez sûrement quelques unes :
Localisation :
ce mur se trouve dans la charmante cité de Laigueglia sur la côte d’Azur
italienne. Merci à l’auteure de ces photos pour son réflexe opportun…
4)
Nos dossiers :
Pour
information, nous vous présentons les n°83 (« Monographie d’un titre
historique de la presse sportive du XX°siècle ») et 84 (« Curiosité
n°2 : 1913, Un art nouveau en Italie, une iconographie cryptée ») de
notre option Recherche :
N.B. : Bien que ces deux
fascicules soient des albums entièrement polychromes, leur service sera inclus
sans conditions dans les abonnements optionnels des intéressés.
5)
Dossiers (suite) :
Nous vous rappelons nos récents envois :
En avril : Vélo-Rétro n°77 (« La saga Brick
Schotte : 1956-59, le Dernier des Flandriens »)
En mai : dossier Recherche n°80 (« Invention
du vélocipède : l’affaire Brunel (I) ») (N.B. : Ce dernier en
lieu et place du n°83, imprudemment annoncé dans notre bulletin précédent).
6)
Dossiers (fin) :
Voici nos prochains envois:
Octobre : Vélo-Rétro n°78 (« 1956 : saga Coppi (Malédiction et
trahison) »)
Novembre : Recherche n°83 (« Monographie
d’un titre historique de la presse sportive du XX° siècle »).
7)
Carnet noir : nous apprenons
avec tristesse, ce mercredi 24 avril, la disparition de Jacky Chantelouve,
excellent coureur dans les pelotons amateurs et indépendants des années
60-70. Le deuil des siens est aussi le
nôtre.
CHAZELLES-SUR-LYON
Mme Chantelouve
Christine, sa fille, Emma, sa petite-fille, Jeanine Zapotocky, son amie ;
toute sa famille et ses amis, ont la tristesse de vous faire part du décès de Monsieur Jacky CHANTELOUVE
à l'âge de 86 ans.
Un recueillement aura
lieu le lundi 29 avril 2024 à 15 heures, au crématorium Montmartre à
Saint-Étienne. La famille remercie toutes les personnes qui prendront part à sa
peine.
8)
Ce 5 mai nous avons une pensée pour
Gino Bartali, décédé ce jour-là en l’an 2000.
9)
Dans la même rubrique, nous saluons
le départ de Louis Bergaud, ex-« Puce du Cantal », qui nous a quittés
ce 21 mai 2024 à l’âge de 95 ans.
10)
Suite à notre publication du livre consacré
à la fin de Fausto Coppi, Alain Legrand nous a fait parvenir un courrier que
nous avons le grand plaisir de vous communiquer :
Bravo Alain et encore merci !
N.B. : Ce courrier rejoindra la collecte de vos
appréciations dans le « livre d’or » qui en est résulté (Futur dossier
Hors-série n°18).
11)
Au sujet du livre en question, nous
vous signalons que nous avons, le jeudi
16 mai, adressé un courrier à Madame Marina Coppi, (épouse Bellocchio, la fille
de Fausto Coppi), pour lui proposer de
lui restituer les « reliques » que nous possédons de son père. Nous
vous tiendrons informés du résultat de notre démarche.
12)
Nous revenons sur notre proposition d’examiner
la question d’un « Pogacar, meilleur coureur de tous les temps » (Cf.
notre chronique éditoriale). Nous sommes bien conscient qu’elle peut paraître
prématurée et un peu (beaucoup ?) trop subjective. Mais cela n’interdit
pas -- au contraire -- de l’argumenter. Et pour cela le jeu des comparaisons
âge par âge peut être instructif.
Nous vous suggérons donc de faire le
point sur le palmarès respectif de chacun des « mythes » précédents
(Coppi-Anquetil-Merckx-Hinault) au même âge (25 ans) et d’en tirer vous-même la
leçon.
A suivre…
13)
L’été
approche, saison de nos traditionnelles « cyclades ». Cette année
nous vous proposons une formule « à la carte » (rencontre et partage)
sous la forme d’une journée « porte ouverte» le samedi 6 juillet (e 9 à 18 h). Chercheurs,
collectionneurs ou simples sympathisants de l’Amicale, annoncez-vous auparavant
SVP.
L’adresse du
siège : 206 Montée Saint-Martin, 69590 : Pomeys
Pour s’inscrire, contacter Gérard Salmon au 0668882796
ou (mieux !) : gerardsalmon69590@gmail.com.
Vous serez les
bienvenus…
14)
A saisir (gratuitement) :
« Lieux d’être : Paris-Roubaix » (collectif, 190 p.) 1994, et de
nombreux autres pièces de collection, offertes aux intéressés.
Offre spéciale « journée
Vélocithèque 2024 » : les dossiers disponibles seront proposés à 5 €
pièce. A saisir uniquement sur place (pas d’envoi), et uniquement pendant ce
mois de juillet 2024.
En vous souhaitant un bel été
et en vous disant : à bientôt
Gérard S.